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29 janvier 2014

TRELON - Souvenirs d'enfance

Rue Zola1

C'est dans cette belle demeure, qui était alors une ferme, que Claudie Waroquier a vécu à Trélon chez ses grands parents pendant une bonne partie de la guerre 40 et y a passé toutes ses vacances scolaires jusqu'en 1957. Comme beaucoup de visiteurs de mon blog, elle m'a récemment contacté pour me remercier d'y retrouver des souvenirs d'enfance en me joignant quelques cartes postales et photos anciennes inédites de Trélon, dont celle ci-dessous qu'elle commente ainsi : « Cette cpa du début des années trente représente la rue Gambetta. A côté des Coopérateurs et de la boucherie, vous voyez la mercerie-bonneterie Waroquier-Renotte tenue par mes parents qui sont sur le seuil avec leur chien*. Ce magasin sera repris par Madame Mailly. A côté, le bureau de tabac de M. et Mme Wimez et la Librairie-papeterie Pelletier.»

* Après son mariage, mon père, Marcel Waroquier, ne souhaitait pas devenir fermier, c'est pourquoi il a tenu ce magasin avec ma mère, avant de trouver un travail en Belgique, c'est d'ailleurs dans ce pays que je suis née ».

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« Puis ce fut la guerre et en mai 40 mon père fut mobilisé. Mon grand père étant décédé, ma grand mère Rosa Delange, se retrouvait seule. C'est pourquoi ma mère et moi nous nous sommes réfugiées chez elle à Trélon. De cette période, ce dont  je me souviens très bien, c'est de l'été 1944. Ce devait être à la fin du mois d'août. Ma mère et moi étions allées chercher de l'eau au robinet public, juste en face de la maison , rue du Calvaire, devenue plus tard la rue Emile Zola. Soudain, un grondement venant des Quatre-Chemins se fit entendre: c'était les chars allemands qui descendaient vers le village. Ma mère retraversa précipitamment la route pour remonter à la maison. Moi, pétrifiée par ce spectacle inhabituel, j'étais restée de l'autre côté. Les monstres de tôle et d'acier s'avançaient lentement, mais dégageaient une telle impression de force, qu'ils semblaient tout vouloir écraser sur leur passage. Bientôt, ils ne furent plus qu'à quelques mètres de moi. Ma mère me cria de traverser: je lui obéis comme un automate, et la peur rétrospective que j'éprouvai m'envahit encore lorsque j'y pense aujourd'hui.

Le lendemain matin, quand je descendis, je vis quelques soldats allemands attablés dans la cuisine, buvant du café et parlant dans leur langue. Debout à côté du poêle, je les regardais en silence. Soudain, l'un d'eux me tendit un tube de pastilles brunes que je n'avais jamais vues. Je me tournai vers Maman qui me fit signe d'accepter: c'était du chocolat, le premier chocolat de ma vie!

Le 3 septembre eut lieu la libération de notre village par les troupes américaines. Les soldats américains avaient dressé leurs tentes aux Quatre-Chemins. Après la traite du soir, nous leur rendîmes visite et leur apportâmes des produits de la ferme.

A la même époque, mon père nous écrivit pour nous apprendre que Bruxelles avait été libéré par les Anglais, que la guerre était finie et que nous pouvions rentrer en Belgique. Je devais aller à l' école !

Hélas! nous n'avions pas prévu l'offensive Von Rundstedt et, l'hiver 44-45, nous dûmes subir de nouveaux bombardements; toutes les vitres de notre maison volèrent en éclats et mes parents et moi fûmes forcés de nous réfugier dans les sous-sols. Enfin, c'est un miracle que nous en soyons sortis vivants.

Heureusement, Trélon n' a pas été bombardé et la bataille des Ardennes a été remportée par les Américains du Général Patton.

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Voici une autre jolie carte postale de Claudie (années 50) où elle m'indique que les pâtures visibles au premier plan (rue Chartiaux) faisaient partie de la ferme familiale. On notera qu'aujourd'hui tous ces terrains sont urbanisés, tout comme le chemin des jardins que l'on aperçoit à droite.  

« Après la guerre, tout est rentré dans l'ordre: j'ai suivi ma scolarité à Bruxelles et, faute de devenir fermière, je suis devenue institutrice, puis professeur de français et d'histoire. Mais jusqu'à la mort de ma grand-mère, je revenais à la maison à Noël, à Pâques et aux grandes vacances. J'adorais vivre à la campagne avec ma famille, mes amis et participer aux travaux de la ferme : C'était mon paradis ».

ooo O ooo

« Voici maintenant quelques mots sur une coutume religieuse à laquelle ma mère, Marie Renotte, a participé dans sa jeunesse, dans les  années 20. Chaque année,on organisait une procession en l'honneur de Sainte Jeanne d'Arc, notre héroïne nationale, pour commémorer la délivrance d'Orléans, le 8 mai 1429. Je joins 2 photos de ma mère en Ste Jeanne d'Arc, l'une à pied (à l'avant-plan), l'autre à cheval ».

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Ces deux  photos *** d'une grande qualité pour l'époque (années vingt) nous montrent ce qu'était cette procession en l'honneur de Jeanne d'Arc. On remarque que la scène se passe sur la Place de la Picquerie à proximité du chateau de Mérode masqué par les arbres. Au fond à gauche on apprend que cette grosse bâtisse (qui existe encore aujourd'hui) était le siège d'une entreprise de bâtiment : Lagneau-Wautier.

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  « Mais la fête la plus importante pour ma famille était celle de l'Assomption.»

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« Nous avions, à côté de la maison, une petite chapelle, qui existe toujours, dédiée à Notre-Dame de Grâce. Tous les ans, le jour du 15 août, on sortait la statue de la Vierge (sauf par temps de pluie), on la revêtait d'un voile tenu par une couronne et on l'installait sur un piédestal au milieu d'un splendide reposoir de fleurs. Alors pouvait commencer la procession en souvenir du voeu de Louis XIII. Ce roi avait longtemps espéré mais en vain, un héritier mâle. En désespoir de cause, il pria la Mère de Dieu et lui promit que, si Anne d'Autriche lui donnait un fils, il ordonnerait que dans toutes les paroisses de France, on organise, le jour de l'Assomption, une procession en signe de remerciement. Il fut exaucé: Louis XIV naquit et, jusqu'à la fin des années 50, nos prêtres obéirent à l'ordre du Roi.

La veille du grand jour, ma mère, notre voisine Jeanne Blin et moi commencions les préparatifs. On rassemblait le plus grand nombre possible de fleurs: dahlias, glaïeuls etc..., de vases et d'obus de la guerre 14, et on préparait les bouquets. On y passait tout l'après-midi et, le soir, on les rentrait dans le large vestibule de la maison. Le 15 au matin, mon Parrain coupait des branchages pour orner la chapelle, on disposait les oriflammes blancs, bleus et or, enfin, on élevait le reposoir.

Après la grand-messe apparaissaient les premiers groupes de la procession: Elle comprenait les enfants du catéchisme et du patronage, vêtus de blanc et de bleu, surveillés de près par les soeurs du Sacré-Coeur en longues robes noires, le visage cerclé de blanc.Venait aussi la fanfare au grand complet, les fidèles conduits par le Prince de Mérode et sa famille, et bien sûr, le clergé et les enfants de choeur. Arrivé devant la chapelle, M. le Doyen Carlier récitait quelques prières, faisait un petit discours de remerciement à notre intention et entonnait hymnes et cantiques que la foule reprenait à peine voix.

Puis, la fanfare donnait le signal du départ et tous retournaient à l'église avant de rentrer chez eux. »

NB :Toutes les photos personnelles ci-dessus sont la propriété de l'auteur du blog. Elles ne peuvent en aucun cas être utilisées sans son consentement

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Commentaires
D
Je n'ai pas connu la guerre à Trélon ( né en 1947 ) mais la photo de la rue Gambetta me rappelle bcp de bon souvenirs de vacances. Je suis le petit fils des Pelletier ( la librairie papeterie et même bistrot. Les Wimez et Mailly étaient des voisins amis de mes Grand Parents Louis et Laure. Ma mère Georgette Pelletier est restée longtemps amie avec la fille Mailly (Annie ) qui a fini ses jours il y a quelques années dans la région de Bordeaux
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