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CHRISNORD TRELON (Nord)
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18 octobre 2014

TRELON - GLAGEON - La Libération des deux villes le 2 Septembre 1944 ***

Le récit qui suit, accompagné de photos et documents d'époque, nous apporte un témoignage nouveau et passionnant sur cette journée du 2 septembre 1944 et celles qui suivirent. Il nous relate le parcours courageux de deux français (dont un Glageonnais) qui participaient à cette libération. Ils continueront leur périple au sein de la 9ème Division d'Infanterie US dans laquelle ils étaient engagés, avant de réapparaître à Trélon le 8 Octobre 1944 avec la fierté légitime d'avoir pu mener à bien leur mission.

  Capture page blog

PREAMBULE :

Tout commence avec l'article ci-dessus que j'ai édité le 23 août 2010. La photo m'avait été envoyée par Philippe Desage, neveu de Charlotte Pelletier qui était alors commerçante à Trélon. C'est après avoir découvert tardivement cet article que Serge Trotin de Glageon s'est manifesté. En effet, Il lui était alors apparu que cette photo présentait des similitudes troublantes avec d'autres photos de famille qui étaient en sa possession et dont la plupart représentent son père Robert Trotin  toujours en compagnie d'un Capitaine de l'armée française Robert Pinon, à bord d'une jeep de l'armée américaine (voir photos plus bas). Depuis, j''ai eu le plaisir de rencontrer recemment Serge Trotin. Celui-ci m'a confirmé que la photo ci-dessus représentée est bien celle du capitaine Robert Pinon au premier plan et de son père Robert Trotin au second plan avec preuves à l'appui. Il a bien voulu me faire découvrir ses nombreuses archives personnelles et m'autoriser à en éditer une partie avec un récit condensé par ses soins du parcours commun de son père et du Capitaine Pinon. Je le remercie ici pour ce partage.

ooo O ooo

«Il faut d'abord se rappeler que de Paris à la frontière allemande, et sauf un raidissement de retardement sur la Meuse, la libération de la France et de la Belgique n'a pas été accompagnée de furieux combats. Les américains l'ont d'ailleurs appelée "La poursuite", les allemands globalement s'enfuyaient alors pour se mettre à l'abri de la ligne Siegfried. Pour autant, cette période fut difficile pour beaucoup et fit des victimes, particulièrement du côté français, à l'image de ces quatre  jeunes hommes de Glageon : Charles Desquilbet et Hector Dufresnes ainsi que Roland Rouleau et Jean-Marie Carion. On retrouvera les cadavres dans le bois à la sortie du village de Glageon pour les deux premiers et dans le bois de Sautin (B) pour les seconds (quatre rues de Glageon portent leurs noms). Concernant les forces américaines en présence et outre la valeureuse  9th Infantry division (Invasion de la Sicile, Bataille de Cherbourg) , on avait affaire également au VIIème corps U.S (J.L. Collins) ainsi qu'à la 3ème division blindée. A Anor, c'est la 9th Infantry Division qui devra sortir les blindés d'un mauvais pas. Le véritable objectif de la division blindée était alors de réduire l'énorme poche allemande de Mons, ce qui explique qu'elle passa à Fourmies (via Trélon) avant de filer rapidement vers Avesnes. . Ces unités se retrouvèrent d'ailleurs quelques jours plus tard entre Dinant et Namur au moment du passage de la Meuse (les blindés venant alors au secours de l'infanterie)» ...

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Le Capitaine Robert Pinon en compagnie de Robert Trotin devant la Mairie de Trélon le 2 septembre 1944

... «Le samedi 2 septembre 1944 en fin de matinée, des éléments du 39th régiment de cette division d'infanterie progressent rapidement de Fourmies vers Couplevoie puis Glageon, ils sont précédés d'une Jeep conduite par un officier français parlant anglais. Il s'agit du capitaine Robert Pinon qui est chargé de la liaison avec l'habitant  (collecte de renseignements). Ce véhicule possède une identification très spéciale car il porte un numéro et un drapeau français sur le pare-chocs avant. Pinon est seul au volant depuis son débarquement du 10 juin à Utah Beach. Peu armé (une carabine automatique), sans radio et sans assistance. Il est ainsi très exposé, le véhicule porte d'ailleurs de nombreux impacts. A ce moment, Robert Trotin, FFI, revient à bicyclette de Glageon. Arrivé sur la Place de Couplevoie, il est soudain accosté par Pinon qui lui demande ce qui se passe plus au nord. Cela tombe bien car Trotin en revient et pas tout à fait par hasard. Les éléments de tête de l'infanterie de la 9th division sont alors déjà parvenus au niveau du Pont Lengrand. Puis Pinon demande à Trotin s'il veut bien l'accompagner et l'aider. C'est ainsi que ce dernier se trouve en quelques heures, officiellement engagé dans la 9th Inf Div pour la durée de la guerre» ... 

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Le Capitaine Robert Pinon né en 1901

... «Le 2 septembre les deux hommes passent la nuit à Trélon, ayant auparavant débusqué une unité allemande devant Eppe-Sauvage, unité qui fut détruite aussitôt par les blindés de la division d'infanterie. L'Etat-major du régiment passa d'ailleurs la nuit à proximité, au lieu-dit Saint Hermann dans la Forêt de Trélon. Le dimanche 3, ils franchissent la frontière par Eppe-Sauvage, à Montbliart exactement, et curieusement à Boussu, il se passa "un recrutement" similaire au précédent, en l'occurrence un moine Franciscain belge nommé Materne Pécriaux, membre très actif de l'armée secrète et qui s'offrit de les aider à découvrir les "charmes" de sa région. C'est donc à trois qu'ils passèrent par Philippeville, Florennes (où Materne fit preuve d'une clairvoyance remarquable, évitant ainsi de grosses pertes), puis, Mettet et Bioul avant de descendre vers la Meuse ce lundi 4 septembre dans l'après 4 heures. Ils restent ainsi ensemble jusqu'au 5 septembre au matin lorsqu'ils reconduisent Materne à Boussu qui était sorti de son territoire de connaissance, pour repartir à deux vers le franchissement effectif de la Meuse qui prit plusieurs jours.»

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Une autre photo prise devant la Mairie de Trélon au milieu de la liesse populaire. Le Capitaine Robert Pinon et Robert Trotin se dirigerons ensuite vers la Belgique.

... «Mais ce lundi 4 septembre se produisit un évènement majeur dans l'existence de Robert Trotin. En cette fin d'après-midi, à Anhée sur Meuse, lors d'une reconnaissance armée visant l'état des ponts et la rive est de la Meuse, les trois hommes se trouvèrent plongés au coeur d'une action  des SS qui durait déjà depuis plusieurs heures (pillages, incendie du village, massacre de civils). Pour Trotin, cette journée se résumera par la citation de sa croix de guerre : "livra seul combat à six SS en tuant trois d'entre-eux et en blessant et mettant les autres en fuite". Cette croix de guerre française fut complétée par la médaille royale belge. Le calvaire d'Ahnée sur Meuse avait pris fin mais la cicatrice mettra du temps à se refermer dans le village.»...

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«Le 11 septembre est une journée sans autre fait marquant. Pinon et Trotin sont déjà à Eupen, après être passés par Hastière sur la Meuse et Beaufays sur la Meuse, l'ennemi se fait plus présent sur le Westwall (ligne Siegfried, Aix La Chapelle toute proche). Mais là, en Belgique germanophone, l'accueil belge avec fleurs et champagne avait cessé, même des enfants leur tiraient dessus ! Cependant, par nature, la mission de Pinon se terminait, et on avait besoin de lui ailleurs (au Liban). Trotin, isolé, fut rendu à la vie civile. Ils rentrèrent ainsi tous deux à Glageon via Trélon le 8 octobre, toujours à bord de la même Jeep dont on sait même qu'elle eut à subir une crevaison à Chimay. Materne terminera la guerre à Chemnitz, à l'est de l'Allemagne, après avoir passé le pont de Remagen dans une unité belge: Le 16ème bataillon de fusiliers. Pas banal  pour un moine ! La vie ordinaire reprit alors son cours».

ooo O ooo

EPILOGUE :

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Ces deux magnifiques photos ont été prises au retour de Pinon et Trotin le 8 octobre 1944 devant la magasin "Aux Epiciers Réunis" devenu aujourd'hui Café "Le Nelson". Il semble bien qu'à bord de la Jeep aient pris place Edouard Guillet (Quincaillier) et son épouse (?). Assise sur le capot une charmante jeune femme dont je n'ai pas l'identité.. 

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Ces deux photos nous montrent la remise de la croix de guerre 1939-1945 à Robert Trotin, à l'occasion d'une manifestation qui se déroula à Glageon lors de la commémoration du 11 novembre 1953. C'est le maire de l'époque, Abel Bourgeois, qui lui remet officiellement cette distinction..  Les "anciens" Glageonnais reconnaitront sans doute la majorité des personnes ici présentes et qui faisaient partie du Conseil Municipal.de l'époque.

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Ci-dessus le récipiendaire, il est alors âgé de 40 ans.

F I N

Sources et documents consultés : Outre les photos et documents ci-dessus présents et leurs annotations, ont permis la rédaction de ce récit : L'Agenda de Robert Trotin, Courrier de témoignage (1994) d'une héroïque habitante d'Anhée, Dorette Sovet qui a vu les trois hommes intervenir dans les évènements dramatiques qui y sont décrits, des preuves matérielles telles qu'insignes, brassard FFI. Témoignages de feu Jean Léotard (de Clermont-Belgique) ainsi qu'un livre très documenté concernant la libération de sa région de Beaumont Walcourt, ouvrage qui déborde quelque peu sur les territoires voisins de l'Aisne à la Meuse et qui décrit également les forces en présence, indique le nom des chefs de divisions et de régiments ainsi que leur photographie. A noter qu'un voyage aux Etats-Unis a été nécessaire et que le gros livre de la 9th Infantry division a été consulté.


 

Ci-dessous des photos de ma collection personnelle sur la Libération de Trélon le 2 septembre 1944 :

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Le passage de blindés devant la Poste de Trelon

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Ici d'autre camions US transportant des soldats arborent des drapeaux tricolores ...

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... tandis que des Trélonais tendent la main aux soldats libérateurs.

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Ici au carrefour de la Rue V. Hugo et de la rue A. Briand, avec une foule en liesse.

Trelon lib 3

A ce même carrefour on devine également la joie des libérateurs et l'image touchante de cette fillette dans les bras d'un américain. 

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 Un char américain (Sherman) en panne suscite la curiosité ...

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... y compris celle des plus jeunes sur ce char allemand (Panther). Selon certaines sources ces deux chars se seraient neutralisés en tirant l'un sur l'autre au même moment.


 

  NB : Toutes les photos ici présentes ou documents sont la propriété de  l'auteur de ce blog. Elles ne peuvent être utilisées sans le consentement de celui-ci.

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Commentaires
C
Avez-vous fait des recherches sur les autres résistants de trélon en particulier sur les FFI ?
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B
Bonjour et merci pour ce récit fabuleux ! Il s'avère que Robert Pinon était mon grand-oncle, frère de ma grand-mère paternelle !<br /> <br /> Me permettez-vous de citer votre article dans le bulletin de l'association généalogique dont je fais partie (géographiquement sans lien, nous sommes basés en Savoie) en indiquant le lien vers votre blog ?
Répondre
<
Laissez moi donc un message téléphoné sur ma messagerie du 09 60 11 35 70 (Fr) afin que je vous rappelle (de préférence sur un fixe).<br /> <br /> Bonne réception.<br /> <br /> Serge Trotin 17/10/2016 17h40.
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C
Bonjour Mr Trotin. Comment puis je vous envoyer ces informations en privé ? Bien à vous, CD
Répondre
C
Comment puis-je vus contacter? J'effectue des recherches sur la 9th Infantry Division dans le nord de la France et la Belgique. Merci !
Répondre
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