GLAGEON - DOMPIERRE SUR HELPE
Mais quel est donc le lien historique qui est commun à ces deux communes de l'Avesnois ?
Ces deux communes de l'Avesnois offrent la particularité de posséder chacune deux rues qui portent le même nom. Rien d'étonnant me direz vous, sauf que les noms en question sont : Charles Desquilbet et Hector Dufresnes. Ces noms, trop peu connus aujourd'hui, sont bien sûr liés étroitement à ces deux communes, mais pour quelle raison ?
Tout commence à Glageon le 3 septembre 1944 à 13 h, dans le Bois Colinet où ont été découverts les corps de deux hommes. L'un est vêtu d'une chemise militaire blanche à rayures et d'un costume de prisonnier rapatrié. Il porte une blessure dans la région du cœur. Le second est vêtu d'une chemise kaki sombre et d'un pantalon de prisonnier rapatrié taillé pour le port de bas de sport, d'une veste bleu marine à rayures. Ce dernier a la moitié du crâne ouvert. Ces blessures, ayant provoqué une mort instantanée ont été causées par des coups de feu tirés à courte distance. Deux douilles de cartouches ont d'ailleurs été retrouvées sur place. Une fine corde enserrait encore le poignet du premier et un lacet en cuir trouvé sur les lieux avait servi à lier les mains du second.
Une enquête a fait découvrir que le F.F.I Gilbert Michaux de Dompierre sur Helpe était cantonné à Glageon avec sa section. Celui-ci a déclaré être venu rejoindre le "maquis" avec deux camarades du même lieu mais qu'il les avait perdu de vue depuis le 30 aôut. Mis en présence des corps, il les a reconnu formellement comme étant ceux de Dufresnes Hector, âgé de 32 ans et Desquilbet Charles, âgé de 24 ans, tous deux domiciliés à Dompierre.
Les renseignements recueillis par la suite permirent de reconstituer les dernières journées de ces deux malheureux :
Mercredi 30 Août, vers 21 h, arrivent à Glageon, venant de Liessies, Michaux, Dufresnes et Desquilbet qui s'enquirent auprès de M. Gilmant Alphonse, du domicile de Melle Ducamp Jeanne, Docteur en médecine, chargée de les recevoir. Afin de ne pas attirer l'attention des troupes allemandes stationnés dans ce quartier, ils décidèrent de se séparer et Michaux partit en avant, tandis que Dufresnes et Desquilbet suivirent à plusieurs centaines de mètres. Michaux parvint chez Melle Ducamp et ensuite chez M. Petitjean qui devait fournir le convoyeur pour le "maquis". MM. Petitjean et Michaux traversèrent la commune et cherchèrent en vain Dufresnes et Desquilbet.
On apprit ensuite que ceux-ci furent arrêtés par une patrouille allemande de la compagnie stationnée à Glageon et emmenés au cantonnement situé rue du Ruisseau dans un immeuble appartenant à M. Sergeant Ernest. Mme Bailleux Huant, habitant en face de ce cantonnement, affirma que les détenus en sortirent le soir vers 23 heures. Ils durent être dirigés vers le château Meuret, autre cantonnement où une prison était installée. Le lendemain vers 16h30, M. Bonneterre Marceau les vit sur un camion qui venait de ce dernier cantonnement et qui se dirigeait vers Sains du Nord. Dufresnes et Desquilbet étaient ainsi emmenés pour être assasinés.
(Extraits du rapport du Comité de libération de Glageon)
La tombe de Charles Desquilbet
Hector Dufresnes fut mobilisé en 1939, fait prisonnier en 1940 et interné au stalag IXA puis libéré en 1943. Ce père de quatre enfants s'engage dans la Résistance. Son compagnon Charles Desquilbet était militaire de carrière (Sous-officier au 2ème chasseur d'Afrique), croix de guerre 1940 à 20 ans. Démobilisé en 1942, il s'engagera lui aussi dans la Résistance.
NDLR : C'est grâce aux documents qui m'ont été envoyés spontanément par Jean Desquilbet ( frère de Charles Desquilbet), que j'ai pu rédiger cet article. Je le remercie. Grâce à lui (c'est son souhait), les noms de ces deux rues seront davantage associés à ces résistants martyrs qui ont donné leur vie pour la France.