Voici une photo des deux anneaux de fer dont-il est question plus bas et qui sont conservés en Mairie de Trélon
*L’usage est un droit qui, dans une certaine mesure, permet au bénéficiaire d’user, de se servir de la chose d’autrui et même d’en percevoir certains produits (Trélon et son histoire)
En 1626 fut créé le marquisat de Trélon par Philippe VI d'Espagne. Outre le bourg de Trélon, ce marquisat comprenait les villages voisins de Baives, Eppe-Sauvage, Moustier, Ohain, Wallers et Willies. Vers 1616-1617 des différends apparurent avec des habitants d'Eppe-Sauvage mais l'absence de charte ne permit pas de régler ce conflit. Pourtant les habitants de ce marquisat jouissaient depuis fort longtemps de plusieurs droits et privilèges dans la Fagne de Trélon. Ces droits étaient même consignés dans une charte, mais le temps avait fini par la faire disparaître. On fit donc appel à la cour souveraine de Mons qui promulgua des arrêts en date du 25 avril 1624 et 21 février 1634. Ceux-ci spécifiaient les droits d'usage dans la forêt de Trélon en ces termes :
"Avoir droit et privilège de faire champier* leurs bêtes à cornes et chevalines ès bois de Trélon sur les tailles âgées de sept ans et au dessus, aussi d'aller quérir, prendre et lever lesdits bois, tout le bois mort traînant et debout et d'avoir pour leurs fouille (chauffage) outre les ramettes* provenantes des respes couvertes en leignes (bûches et bois de cordes) les chocs (souches) et estocs de toutes sortes de bois et aussi les arbres de haute futaie secs qui ne pourraient être convertis en marchandises de soyeries (scieries) et de fonderies".
* Au Moyen Âge et sous l’Ancien régime il existe un droit d'usage qui permet de faire paître gratuitement son bétail en dehors de ses terres, dans les bords des chemins, les friches, les terres nues de leurs cultures, les bois de haute futaie, les taillis de plus de 4 ou 5 ans. Cette pratique a permis pendant longtemps aux plus pauvres de la communauté d'entretenir du bétail (une ou deux têtes maximum) même sans posséder de terre.
* Les ramettes, suite à un accord des 26 et 27 Août 1626 entre le seigneur de Trélon et les habitants de son marquisat étaient levées par les usagers autour de chaque corde de bois. Ils devaient : " les consommer et brûler en leur maison sans pouvoir en faire marchandises à qui que ce soit et devaient avoir été relevées dans le jour de la Saint Jean Baptiste pourvu que lesdites leignes soient cordées en temps et heures compétents".
Toujours suite à d'autres conflits, en 1738 un autre arrêté fut pris par le parlement de Douai , celui-ci "maintient et garde lesdits habitants dans leurs droits et possession de lever les ramettes, ce qu'ils ne pourront faire néanmoins à chaque corde de bois, que vingt quatre heures après qu'elle sera faite".
C'est par un arrêt du parlement de Douai en date du 15 juillet 1767 que fut ordonné "Qu'à la diligence et aux frais du seigneur de Trélon, il serait fabriqué deux anneaux en fer (voir photo ci-dessus), l'un pour les bois durs dont le diamètre serait de onze lignes du pouce de France et l'autre pour les bois tendres dont le diamètre serait de 13 lignes dudit pouce, lesquels anneaux seraient déposés au greffe de la terre et seigneurerie de Trélon qu'il en serait fabriqué un nombre suffisant pour en être distribué à chacun des mayeurs de Baives,Wallers, Moustier et Willies, comme aux gardes contrôleurs et ouvriers de la Fagne de Trélon, faisant défense auxdits ouvriers de laisser pour ramettes aucune plante, branches et morceaux dont les gros bouts ne pourraient entrer aux dits anneaux, savoir en celui de onze lignes pour les bois durs et en celui de treize lignes pour les bois tendres, à peine de trois florins d'amende à chaque contravention, ordonnant en outre que les manans, habitants et communautés desdits lieux seront tenus d'enlever et retirer les ramettes de ladite Fagne de Trélon qu'un mois après les leignes taillées et cordées, péril que faute de se faire et ledit temps passé, lesdites ramettes demeureront au profit du seigneur".
En 1812, une instance est introduite par M. le Comte de Mérode devant le Tribunal d’Avesnes à l’effet de déclarer que le habitants de Trélon n’ont aucun droit de se servir de serpe et de tous autres ferrements saillants et tranchants pour enlever les bois morts et gisants de la Fagne, non plus que d’enlever les bois morts et secs, sans avoir été reconnus tels par qui de droit.
En 1820, le Comte de Mérode, ayant laissé périmer l'instance ci-dessus, fut condamné par défaut aux frais, suivant jugement du tribunal le 29 janvier 1820.
En 1867, la famille de Mérode fit des offres aux communes concernées pour racheter les droits d’usage en cours mais sans aboutir à un accord.